Vol dans les Alpes de Haute-Provence --ooOoo-- Valensole, Moustiers
Sainte-Marie, Gap-Tallard |
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Si
tard dans la saison, en ce samedi 16 octobre 1999, la météo
était des plus favorable au départ de l'aérodrome Berre-La
Fare. Il faisait chaud et un agréable petit vent d'à peine une
dizaine de noeuds soufflait de la vallée du Rhône. Les cumulus
bourgeonnaient de toute part. Il y avait fort à parier que, dans la
région du plateau de Valensole, l'aérologie aiderait sereinement
les vélivoles de l'aéro-club de Vinon-sur-Verdon. Je donnai
alors un coup de fil au secrétariat qui me lut le compte rendu météo
de la journée. Je projetai alors d'y faire un petit saut pour voir
alors que j'avais prévu en partant de chez moi d'aller faire plutôt
un vol du côté du Pont du Gard. Je ne revîns pas du tout
déçu du petit périple de presque trois heures et demi.
Déjà,
peu de temps après le décollage, en transit vers le Val de Durance,
les réactions dans les ascendances de ma petite plume RF 4 me
laissaient entrevoir quelques petits plaisirs en perspective, fortement confirmés
quand je fus sur la crête du Lubéron à environ 1500-2000 mètres
pour contourner légèrement au nord la ville de Manosque, à
80, 90 km de La Fare, trois quarts d'heure environ après le décollage.
La photographie ci-contre à gauche illustre le propos en montrant ces
cumulus en dessous desquels on peut apercevoir la vallée de la Durance
vers Volx, Villeneuve, La Brillane et Oraison. Mais un petit doute subsiste
cependant car, je me demande si, en fin de compte, ce n'est pas une vue estompée
du lac de Sainte-Croix ? la relative platitude du terrain semble quand
même ne pas le confirmer. Pardon donc pour cette imprécision.
Bien plus haut en altitude, quelques lenticulaires laissaient penser que le
vol d'onde vers les 4000 mètres n'était pas impossible
et je sus un peu plus tard à la radio qu'il y en avait eu effectivement.
Je regagnai en ligne droite un secteur entre Valensole et Riez, ((1) sur la carte ci-après et photographies ci-dessous).
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Des cumulus de partout !... et des "pompes" à ne plus savoir où donner de la tête !... cheminer de l'un à l'autre, moteur réduit, variomètre positif, ne posait vraiment aucun problème :
Eh bien chic ... j'allais pouvoir gagner quelques litres de carburant pour, du coup, augmenter notablement mon autonomie !...
La
partie supérieure des cumulus marque un plafond aérologique
pour les planeurs. La plupart de ces nuages s'étageaient sur une épaisseur
assez conséquente. Voler tout autour d'eux permettait donc, sans trop
de difficulté, de conserver un variomètre légèrement
positif (photos ci-dessus). Mais attention aux rencontres avec des
planeurs facilement masqués !... toujours se ménager un
visuel clair sur le sol pour s'y plonger le cas échéant.
Mais je n'en n'avais vu aucun à mon altitude. Par contre, pour admirer
le paysage, c'est le moteur qui m'avait permis de passer au dessus de leur
cime quelques centaines de mètres plus haut (photo ci-contre),
en atmosphère beaucoup moins turbulente. Quel souvenir et quel régal !...
Mais alors, les conditions météorologiques de vol à vue (VMC/VFR) étaient-elles vraiment respectées pour un avion me diriez-vous ? pas trop, je dois le dire, car voler à 300 mètres des nuages verticalement et 1500 mètres horizontalement, ne permet pas du tout de profiter des ascendances fortement déclenchées par un petit vent d'une dizaine de noeuds venant du nord-ouest. C'est la même chose pour le vol de pente qui ne peut s'effectuer qu'à trois ou quatre envergures du versant de la montagne. Et puis, étais-je à ce moment-là, un avion ou un planeur ?
Dans le coin, les planeurs des collègues de l'aérodrome de Vinon avec qui j'étais en contact radio sur la fréquence de vol 130.12 ne manquaient pas. Ils s'en donnaient à coeur-joie à les entendre. Ils se tenaient tous au ras en dessous des nuages et je sus plus tard que plusieurs élèves avait fait chacun leur épreuve des 5 heures ce jour-là.
Non
loin de moi, un instructeur de Vinon, Roger Huertas, si j'ai bonne mémoire,
entraînait l'un de ses élèves à bord d'un Grob
103 Twin (photographie ci-dessous). J'étais en contact avec
lui, et, après quelques spirales, m'avait dit qu'il mettait le cap
vers le nord pour rejoindre la montagne de la Vaumuse en face de Château-Arnoux-Saint-Auban
et Sisteron. Je décidai alors de cheminer à 3 ou 4 envergures
de lui. Durant le transit, je m'était un peu éloigné
pour prendre la photographie ci-dessous.
Mais ce vol en équipe fut de courte durée. Eh oui !... le G 103 était plus rapide que le RF 4 et de plus, sa finesse était pratiquement le double. En transit à 150, 160 km/h, ça compte énormément. Pour rester près de lui, j'étais obligé de monter le régime du moteur. Préférant privilégier l'économie de carburant pour préserver un surplus d'autonomie, je n'insistai pas et le laissai filer.
Initialement, ayant prévu plutôt de faire un vol du côté du Pont du Gard, je m'étais contenté de ne prendre que mon appareil habituel, un argentique à l'époque, dans lequel il ne restait que quelques photographies à prendre. J'avais bien regretté de ne pas avoir pris mon caméscope. Cela aurait fait aujourd'hui un merveilleux souvenir. Dommage !...
Mais pour néanmoins donner une idée du relief, je me suis servi du programme Google Earth et celui du site Géoportail. L'image ci-dessous montre une vue générale du vol du côté du Plateau de Valensole :
Cheminement général de ce superbe vol
Relief le long de la Durance
De Gap, j'entamai un cheminement vers les crêtes de montagnes qui encerclent une espèce de cirque. Mais, n'ayant pas une expérience suffisante selon moi, pourtant, j'étais déjà venu une première fois en Rallye, je restais bien tranquillement à 200, 300 mètres au dessus des sommets, me méfiant surtout des inévitables rabattants que j'aurais pu rencontrer. Je voyais et j'entendais à la radio sur la fréquence 119.1 de Gap-Tallard d'ailleurs, non sans une certaine envie, des planeurs de Tallard, de Saint-Auban, et même de Vinon qui cheminaient le long des pentes à deux ou trois envergures du rocher. A cette altitude d'environ 2800, 2900 mètres, j'étais largement en local de Tallard finesse 10 pour une vent-arrière à 900 mètres dans le cas où une panne moteur venait subitement à se produire. Mais tout semblait normale, et le moulin ronronnait sans trop d'efforts aux alentours de 115 km/h.
Vue satellite du cheminement le long des crêtes du cirque du Pic
de Bure
Passé le Pic de Bure, je commençai mon retour vers Berre-La Fare. Plus de 2 bonnes heures s'étaient passées depuis mon décollage. Une bonne heure fut suffisante pour rentrer. Avec cette formidable aérologie, ma jauge à essence montrait qu'il me restait un peu moins de la moitié de mon réservoir : pas de souci donc côté carburant, je vais même pouvoir rentrer en faisant un petit détour par les Alpilles et l'aérodrome d'Eyguières que je vais tout simplement survoler. Le retour s'effectua, en légère descente, en gros à la vitesse de 150, 160 km/h, 180 km/h étant la vitesse maximale en zone turbulente. Je me méfiais donc car la traversée de certaines pompes provoquait des montées subites de l'aéronef assez vigoureuses avec des facteurs de charge de l'ordre de 2 à 3 g voir parfois peut-être un peu plus, la limite maximale étant de 4,5 g, donc 4 g en pratique, le RF4 étant une vieille machine. Je contournai l'aérodrome militaire de Saint-Christol sur le Plateau d'Albion, croisant au passage quelques axes d'entraînement de la Patrouille de France qui ne s'entraîne pas le samedi ni le dimanche. Je passai au sud de la ville d'Apt pour sauter par dessus la Chaîne du Grand Lubéron au niveau de la Combe de Lourmarin. Habituellement, je longeais cette belle combe légèrement en dedans car c'est magnifique de s'y faufiler. Pour rejoindre les Alpilles et Eyguières, je fis plein cap à l'ouest vers Sénas et Eygalières puis plein sud vers l'aérodrome de Berre-La Fare par Salon-de Provence main gauche et Lançon.
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Formidable vol de 3 heures et 20 minutes pour 370 km environ, 110 Km/h de moyenne, dans ce super petit avion en bois et toile que j'adorais !... |
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